Tout passe

Le doux souffle de la brise

         répandra son musc encore ;

Le vieux monde, de nouveau,

        retrouvera sa jeunesse.

L’arbre de Judée tendra

        sa coupe pourpre au jasmin,

Tandis que l’œil du narcisse

        contemplera l’anémone.

Après la longue douleur

        de l’exil, le rossignol

 En criant s’élancera

        vers la tente de la rose.

Si j’ai quitté la mosquée

        pour me rendre à la taverne, 

C’est que l’oraison est longue

        et que le temps est trop court.

Ne remets pas à demain,

        mon cœur, la joie d’aujourd’hui :

Qui serait garant, demain,

        de la valeur de la vie ?

La rose nous est très chère :

        jouissons de sa présence,

Car elle part du jardin

        aussitôt qu’elle est venue !

Ménestrel, pour ce banquet

        d’amis, chante des poèmes !

Ne parle plus du passé,

        ni du moment qui viendra !

Hâfez est venu, pour toi,

        au pays de l’existence : 

Fais quelques pas pour lui dire

        adieu, car il va partir… !

 

Hâfez

«Vous avez le choix, messieurs dames, et peut être aussi avez-vous votre idée. Nous l’attendons.» A.L.